Si des mesures politiques et judiciaires sont essentielles pour adapter notre monde aux réalités futures, elles ne suffiront pas. La problématique environnementale, nouvelle dans son ampleur, doit être assimilée selon une approche intellectuelle nouvelle elle aussi. Autrement dit, il s’agit de déployer une méthode globale, la seule à même d’engager une révolution durable. Les bouleversements engendrés par le dérèglement climatique ne peuvent être traités à l’aune de quelques comportements modifiés et prouesses technologiques énergivores. La bascule a déjà commencé, les écosystèmes s’effondrent. Pour ne pas nous effondrer, nous aussi les hommes, et puisque nous sommes liés à la nature, nous ne pouvons faire l’économie d’une profonde transformation de nos conceptions idéologiques les plus fondamentales. Notre rapport au naturel et à tous les vivants sont principalement visés ici. Comment juger « autrui » dans un temps promis à tant d’instabilité ? Quelle peut être la portée des libertés individuelles dans un monde en basculement ? Comment faire unité quand tout induit l’individualité ? Les révolutions passées ne concernaient que les hommes, il faut y introduire désormais l’ensemble des vivants.