Face à la mondialisation, qui n’est que le triomphe planétaire du tout-marché, il nous faut concevoir et vouloir une société dans laquelle les valeurs économiques auront cessé d’être centrales, où l’économie ne sera plus considérée comme une fin en soi. Il est urgent de renoncer à cette course folle vers une consommation toujours accrue et d’entreprendre une véritable décolonisation de notre imaginaire pour changer le monde avant qu’il ne soit trop tard. Pour cela, nous devons remettre au centre de notre société d’autres valeurs que la course à la production. Promettre la richesse en produisant de la pauvreté est absurde. Le modèle occidental de développement est arrivé à un stade critique, ses effets négatifs sur la plus grande partie de l’humanité et sur l’environnement sont catastrophiques. Alors que notre société de consommation subit une crise majeure, il est grand temps de remettre en question nos pensées et nos pratiques économiques pour retrouver une société qui propose des valeurs de partage et d’échange tenant compte de l’humain.
Serge Latouche, professeur émérite à la faculté de droit, économie et gestion Jean Monnet de l’université Paris-Sud, est l’un des « contributeurs historiques » de la Revue du MAUSS et l’un des fondateurs de la revue d’étude théorique et politique de la décroissance Entropia. Il a développé une théorie critique envers l’orthodoxie économique et dénoncé l’économisme, l’utilitarisme dans les sciences sociales et la notion de développement. Il est un des penseurs les plus écoutés de la théorie de la décroissance, thème de ses derniers ouvrages.